PARLER

Théâtre

de Pierre Alferi, éditions P.O.L

Ça commence par un règlement de comptes entre une chorégraphe qui ne danse plus et un poète qui n’écrit plus. Tout en se renvoyant la responsabilité de leur panne, ils essaient d’inventer des moyens simples de reproduire et de mettre en scène la parole, la vraie, telle qu’elle se pratique. Ils passent ainsi de la dispute à la confession, de l’analyse à la télépathie. À force de changer d’angle d’attaque et de se tourner en ridicule, ils soulèvent une drôle de question.
Parler pourquoi ? Et à quel prix ?
Et puis, de l’autre bout du monde, par l’intermédiaire d’un écran, un homme évoque la catastrophe écologique dont il est le témoin. Il prend des nouvelles de l’ami resté en France, de son étrange colocataire, de leurs anciens condisciples, de la traque d’un tueur en série. Mais une coupure de son a déclenché un nouveau système de secours, qui écrit ce qu’il lit sur les lèvres. La transcription redécoupe les mots, elle en fait surgir de nouveaux, gênants, voire inquiétants.
Il y a un tiers dans ce dialogue. Qui est-ce ?
Enfin, trois adultes invoquent les fantômes des enfants et des adolescents qu’ils ont été. La logique secrète des premiers, l’incertitude et l’exaspération des seconds produisent des parlers étrangers, que le discours adulte peine à traduire. Le malentendu est cruel. C’est donc en chacun que trois âges s’affrontent, s’animent pour s’essayer à un dialogue inégal et souvent comique. Mais ils devront bien en appeler les uns aux autres pour commencer d’apprendre ce qui ne s’apprend nulle part.
Il s’agit du texte de trois pièces – Répète, Coloc, Les Grands – commandées et créées par Fanny de Chaillé. Pour parler, donc, de plein de choses, comme tous les jours. Mais aussi se parler à distance, transcrit, trahi. Être parlé.e.s, ventriloqué.e.s.

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